Atrophie vaginale, baisse de libido et allaitement
- Élise admin info
- 26 mai
- 3 min de lecture
La période du post-partum est une période de bouleversements hormonaux qui peuvent avoir un impact sur le bien-être physique et psychologique des mères.
Un des désagréments parfois rencontrés chez la mère allaitante est la vulvo-vaginite atrophique, ou atrophie vaginale, fréquemment observée notamment en période de lactation.
Une revue systématique publiée en mai 2025 (1), comprenant 65 études, rapporte une prévalence de l’atrophie vaginale chez 63.9% des femmes allaitantes, et de sécheresse vaginale chez 53.6% d’entre elles. Ces taux sont 2.34 fois plus importants chez les mères allaitantes que chez les femmes n'allaitant pas.
Il s’agit donc d’une problématique fréquente, mais peu connue.

Les causes de l’atrophie vaginale
Une diminution des oestrogènes après l’accouchement (maintenue par les taux de prolactine durant l’allaitement qui inhibent la sécrétion d'oestrogènes) est responsable des signes observés. C’est similaire au processus observé durant la ménopause. On parle de syndrome génito-urinaire de l’allaitement.
Les signes observés lors de l’atrophie vaginale
douleurs vulvaires: perte d'élasticité et affinement des tissus, démangeaisons, brûlures, sécheresse vaginale
dyspareunie (douleur ressentie durant et après les rapports sexuels), parfois aggravée par les tensions du plancher pelvien (tension qui peut survenir en réponse réflexe aux inconforts et douleurs ressenties durant les rapports sexuels)
Atrophie et sécheresse des lèvres visible à l’examen, avec un érythème et une inflammation, une réduction des sécrétions vaginales, une fragilité de la muqueuse vaginale avec parfois des ecchymoses, fissure de la fourchette vulvaire (plaie entre l’entrée du vagin et l’anus)
Les auteurs de la revue systématique soulignent un impact sur la vie sexuelle, la qualité de vie, et les activités sociales.
Ils évoquent également une baisse de désir sexuel et des orgasmes chez les femmes allaitantes, qui s'améliore avec le temps et notamment au retour des cycles menstruels. Il semblerait que l'âge joue également un rôle avec les femmes de moins de 30 ans ayant moins de baisse de libido.
Concernant la baisse de libido, plusieurs études suggèrent qu'une activité sexuelle réduite pendant l'allaitement pourrait être une réponse normative et adaptative aux exigences physiques et émotionnelles de la période post-partum. Le stress, la fatigue et la dyspareunie sont des facteurs susceptibles d'exacerber la baisse du désir sexuel chez les femmes qui allaitent, mais également d'impacter négativement la satisfaction sexuelle. Le rôle du partenaire est également souligné dans une étude.
Les auteurs parlent également de possibles troubles urinaires en lien avec l'allaitement (il y a moins d'études qui explorent ce thème): incontinence urinaire (en lien avec un plancher pelvien plus faible), dysurie (miction douloureuse ou gênante avec brûlures), mictions plus fréquentes, urgenturie, infections urinaires plus fréquentes
Il apparaît dans différentes études que les femmes consultent rarement un professionnel de santé pour les différents troubles évoqués
Les traitements proposés pour l’atrophie vaginale
Nettoyage à l’eau ou produit sans savon
traitements non hormonaux: lubrifiants, crèmes émollientes
traitement hormonal local à base d’oestrogènes prescrit 2 fois par semaine. Il y a peu de risque pour la lactation étant donné qu’il s’agit d’un traitement en application locale.
L’application d’œstrogène permet la normalisation du pH vaginal et de sa flore, une amélioration de la circulation sanguine et une amélioration de l élasticité cutanée ainsi qu’une réduction des symptômes de la vulve, du vagin et urinaires.
Il y a peu de risques d’absorption systémique, et de transfert dans le lait maternel en quantités significatives, aussi ce traitement est compatible avec l’allaitement maternel
Toutefois ce traitement sera évité chez les personnes ayant des troubles hépatiques, des antécédents de cancer hormono-dependants ou de maladie thromboembolique.
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A noter: certains médicaments antihistaminiques, décongestionnants ou antidépresseurs peuvent également contribuer à la sécheresse vaginale .
En conclusion, lors de l'allaitement les changement hormonaux peuvent induire des inconforts et douleurs au niveau du vagin et de la vulve, parfois des troubles urinaires, une baisse de libido ou des difficultés lors de la reprise des rapports sexuels. Ces troubles s'améliorent avec le temps, mais il est intéressant de consulter un professionnel de santé pour envisager un traitement.
Bibliographie
Perelmuter S, Stokes C, Chapalamadugu M, Drian A, Zusman GL, Berdugo J, Davide M, Andy C, Grant R, Drew T, Burns R, Meurer J, Shah A, Contractor S, Messafi A, Thompson A, Krapf J, Rubin R. Postpartum and Lactation-Related Genitourinary Symptoms: A Systematic Review. Obstet Gynecol. 2025 May 15. doi: 10.1097/AOG.0000000000005940. Epub ahead of print. PMID: 40373318. Consulté le 23/05/2025
Dr Sarah Little, General Practitioner MBChB BSc Hons MRCGP DCH DRCOG DFSRH.Postpartum Vaginal Dryness and Atrophic Vulvovaginitis Consulté le 23/05/2025
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e-lactancia. fiche estriol Consulté le 23/05/2025
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