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Allaiter un bébé atteint d'un cancer ( ou hospitalisé pour maladie grave)



les jambes d'un bébé avec un stéthoscope
bébé

Cet article est basé sur mon expérience clinique et sur différentes lectures (1-4) et conférences, et notamment sur la conférence de Lindsay Hookway (1,2,4). Lindsay est chercheuse en Angleterre, puéricultrice, consultante en lactation IBCLC et a lancé une étude sur l’allaitement des enfants ayant une maladie grave, notamment le cancer. Son travail s’appelle “Breastfeeding the brave”. Nous envisagerons donc le cas de l'enfant allaité atteint d'un cancer, mais finalement la plupart des explications s’appliqueront pour tout enfant hospitalisé.


La prévalence des cancers infantiles est rare, mais c’est 6 fois plus fréquent que la mort inattendue du nourrisson. Les cancers infantiles ont un taux de guérison de 80 %. Dans 50 % des cas, il s'agit d’une leucémie ou de tumeurs cérébrales.


On sait que l’allaitement protège la mère et l’enfant contre les cancers: il y a une diminution du risque chez l’enfant, et une diminution des cancers gynécologiques chez la femme, et cet effet est dose-dépendant: plus l’allaitement dure, plus il y a de protection.

Ne pas être allaité augmente le risque de cancer de 20 %. Le lait maternel au contact de l'acide gastrique de l'estomac de l'enfant, produit le complexe Hamlet qui a des propriétés anti-tumorales et pourrait expliquer cet effet protecteur de l'allaitement maternel.

Mais, même si l’allaitement protège, cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucun risque:  il arrive qu’un bébé/enfant allaité soit diagnostiqué avec un cancer.


Le diagnostic est suivi de nombreux examens médicaux et de traitements médicamenteux lourds, ayant des effets indésirables importants, notamment perte de cheveux, des nausées et vomissement et une perte d’appétit, ou encore des mucites (des lésions au niveau de la bouche et du tube digestif qui rendent l’alimentation compliquée). On peut également évoquer les effets à long terme possibles de ces pathologies: traumatisme, infertilité.

Il n’y a pas à ce jour d’études sur l’allaitement maternel des enfants atteints de cancer. Il existe uniquement des études de cas.


Quels Bénéfices et quelles difficultés concernant l’allaitement dans cette situation?

L'allaitement aura de nombreux avantages:


Aspect antalgique

  • Le soulagement de la douleur: le peau à peau et la tétée aident  l’enfant à supporter la douleur, permettant potentiellement de réduire les doses de médicaments et éventuels effets indésirables associés

Aspect protecteur et nutritionnel

  • Le lait maternel représente des calories facilement digérées dans un contexte où l’alimentation peut être difficile (nausées, vomissements, altération du goût) et où la prise de poids peut être problématique

  • On observe une diminution de l’intensité des mucites

  • Diminution du risque infectieux : Le lait maternel renforce l’immunité pour un enfant particulièrement sensible aux infections

  • Le lait maternel a une meilleure tolérance , on observe moins de vomissements lors des chimiothérapies , et parfois cela évite la pose d’une sonde naso-gastrique.

Aspect psychologique 

  • Un sentiment de réconfort pour maman et bébé : la sécrétion d’ocytocine pendant la tétée permet  la diminution du stress, de l’anxiété, de la tristesse, la confusion

  •  Un sentiment de normalité: alors que des tas d’étrangers prennent soin de l’enfant, dans un environnement parfois austère, peu confortable, loin de la familiarité de la maison, alors que les journées sont rythmées par les soins…. Téter c’est amener un peu de la routine de la maison à l’hôpital 

  • Allaiter renforce le sentiment d’efficacité parentale: la maman  participe activement aux soins, d’une façon qu’elle seule peut apporter: l’allaitement fait partie intégrante des soins centrés sur la famille. 

  • L’allaitement favorise une proximité qui permet de détecter très rapidement une amélioration ou une détérioration dans l’état de l’enfant.


Difficultés possibles pour l’allaitement

  • Le combat pour pouvoir allaiter un bébé hospitalisé: au delà de 6 mois, il est rare de voir des bébés allaités dans nos sociétés occidentales…les personnels de santé  pourront avoir une attitude d’incrédulité, voire de rejet face à un allaitement d’un bambin hospitalisé, et n’offriront pas toujours soutien et encouragement à la maman.

  • Il n'y a pas d’études sur l’impact de l’exposition de la mère aux chimiothérapies orales par le biais de l’allaitement (et de la théorie de l’inoculation rétrograde via la salive). De même, en cas d’allaitement de deux enfants, dont un malade: il serait préférable de garder un sein par enfant et de ne pas alterner les seins

  • Les douleurs dans la bouche (mucites ) ou l’insertion d’une sonde naso-gastrique peuvent entrainer une aversion orale chez l’enfant et un refus du sein.

  • La maladie et la fatigue peuvent diminuer la capacité de bébé à téter directement au sein

  • Le stress et le trauma peuvent impacter la lactation, avec des baisses de lactation (l’augmentation du cortisol entraîne une diminution de l’ocytocine, et les stress altère le métabolisme du glucose, entrainant une diminution de la sensibilité à l’insuline et une possible baisse de lactation)

  • il se peut que le lait n’apporte pas assez de calories, malgré des tétées fréquentes et qu’il soit nécessaire de faire des pauses dans les mises au sein, de tirer son lait ou de donner des compléments fortifiés

  • l’usage des antiémétiques permettra de mieux gérer les nausées et d’avoir des tétées plus efficaces.



En conclusion l'allaitement de votre bébé ou bambin en cas d'hospitalisation pour une maladie grave peut être un oasis de douceur pour lui et vous dans ces moments difficiles. N'hésitez pas à vous rapprocher d'une consultante en lactation (de l'hôpital, ou en libéral) pour vous faire accompagner: pour discuter l'utilisation d'un tire-lait par exemple ( et si besoin pour faire valoir vos droits et ceux de votre enfant).


Bibliographie 


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